L’herbier du troupeau

Dans les pâtures, il y a de l’herbe…et toutes sortes d’herbes – la famille des graminées : fétuque, ray grass, dactyle, fléole, paturin pour ne citer que quelques uns. Ensuite il y a des légumineuses – comme le trèfle, le lotier ou le sainfoin, qui fixent l’azote de l’air et constituent aussi de bons apports en calcium, et ensuite il y a tout le reste….les ronces, les orties, le rumex, le bouton d’or, le pissenlit, la menthe, le chénopode, l’achillée, le plantain, la renouée, la berce, le chardon, l’amarante…. Des milliers d’espèces en réalité qu’il est impossible de nommer ici, et dont près de cent se trouvent en général sur une prairie.

Une « bonne prairie » pour chevaux doit comprendre 75% de graminées, 15% de légumineuses et 10% d’autres plantes – selon les contributions d’Angélique Descarpentry dans son MOOC La Cense. La composition et l’équilibre entre les espèces dépendra de l’acidité du sol, de la nature du sol, de la qualité de sa couverture, de l’hydrométrie, du piétinement, de la lumière.

Ces autres plantes sont très diverses, qui apportent aussi des oligo-éléments et des substances médicinales, certaines peuvent être dangereuses, comme le séneçon ou la porcelle enracinée. La porcelle enracinée ressemble à un pissenlit à feuilles poilues et très rases. Il s’installe typiquement sur un sol qui aura été piétiné, surtout si celui-ci est sec, car il résiste à la sécheresse, grâce à sa racine profonde et vrillée. Je l’ai combattu deux étés dans mes prairies et j’espère en être venue à bout. Elle est particulièrement pernicieuse car ses feuilles sont sucrées et les chevaux qui commencent à y gouter deviennent dépendants, et plus ils en mangent plus ils risquent de développer une maladie neurologique sérieuse, le harper australien.

Le rumex et le chardon sont aussi typiques de sols dégradés trop compactés, et peuvent devenir envahissants car ils se disséminent très vite. Le premier aime aussi l’excès d’azote – typique si les crottins ne sont pas ramassés dans les prés et il a une forte concentration d’acides oxaliques, qui peuvent créer de sérieux dommages aux reins. Le rumex n’est pas inutile cependant, il absorbe les nitrates et éloigne les chenilles processionnaires. Le chardon lui est plus utile, le chardon marie, surtout, détoxyfiant, et riche en cuivre. L’inconvénient des chardons – comme les rumex – c’est qu’ils prolifèrent très vite, et là aussi que leurs racines sont redoutables… les contenir demande un travail acharné et une patience à toute épreuve.

Après dans les autres plantes, il y a aussi des choses plus réjouissantes, le plantain et le pissenlit sont riches en silicium et en cuivre, le pissenlit en phosphore. L’ortie est riche aussi en cuivre, en sélénium et en fer…les chevaux ne la mangent pas sur pied, mais une fois coupée ils en raffolent.

S’assurer de la bonne santé de chevaux au pré passe par une gestion des prés au quotidien… une bonne dose de patience, un dos musclé, de l’huile de coude, et beaucoup d’humilité…