L’art de brouter un pré en mode cheval

Entre une herbe haute et fleurie et une herbe rase, à votre avis, laquelle aura leur préférence ?

Contre toute attente probablement, c’est l’herbe rase. Les petites repousses de trèfle sont comme un éclair au chocolat pour nos chevaux, et l’herbe haute…l’équivalent d’une salade verte sans sauce…

C’est très simple, c’est de la biologie. Lorsque la plante commence à pousser, elle a besoin d’énormément d’énergie, et elle est composée en grande partie de sucres. C’est son stade « feuillu » – quelques centimètres, quand on parle de graminées – toutes les sortes d’herbes. Au fur et à mesure qu’elle grandit, et que les épis apparaissent, la proportion sucre/fibre change, et au final la plante a le plus de cellulose, et le moins de sucre et de matières azotées à la fin de sa croissance, quand elle commence à fleurir.

Les chevaux adorent ce premier stade feuillu. Malheureusement c’est bien trop riche pour eux, et en plus les racines de la plante sont plus fragiles et elle risque d’être arrachée. L’herbe optimale pour eux a environ 10 centimètres, c’est là qu’elle a sa meilleur digestibilité. S’ils sont mis dans un pré avec des herbes plus hautes, ils brouteront en premier les espèces encore rases, ensuite les fleurs et les graines. Ils coupent délicatement les fleurs et laissent les tiges décapitées, même chose pour les graminées, ils coupent la tête avec les graines et laissent les tiges sèches sans intérêt. Après s’il n’y a vraiment plus rien d’autre, ils finiront par manger cette herbe haute et sèche, plus proche du foin que de l’herbe à leur goût.

Regarder les brouter, c’ est un exercice très délicat et très précis de sélection des petites pousses les plus appétentes.

Et c’est pour cela que la rotation des prairies a son intérêt, elle permet de donner accès à une herbe de taille moyenne, pas trop riche, en continu, sans risque d’endommager la pâture.

Alors salade verte ou éclair au chocolat ?