Dans son ouvrage récemment traduit en français « Comment les chevaux nous font du bien – Equithérapie et théorie polyvagale », Dr Rebecca Bailey illustre les liens qui peuvent être faits entre la théorie polyvagale et l’accompagnement assisté par les chevaux. Elle cite son expérience auprès de familles ou de personnes ayant subi des traumatismes, ce traumatisme figeant d’une certaine manière les réactions de la personne d’une manière « non régulée » faisant référence à son expérience passée, l’empêchant de réagir comme la réalité devrait lui dicter, car la vulnérabilité la submerge. C’est une réponse physiologique à un sentiment de vulnérabilité qui inhibe la capacité de traiter les informations de manière critique et logique.
Pour revenir à la théorie polyvagale du Dr Stephen Porges, cette réaction est typique de la réaction du « vagal dorsal ». En quelques mots, notre système nerveux autonome – une partie inconsciente de notre système nerveux, comprend deux réseaux, le sympathique – qui gère notre réaction au stress et nous incite à fuir ou nous battre en face du danger, et le parasympathique – qui lui au contraire régule notre activité cardiaque à la baisse et nous aide à nous apaiser, grâce au nerf vagal. Ce dernier peut agir cependant de manière différente, le vagal ventral d’une part s’active lorsque que nous nous sentons en sécurité, et nous aide à nous connecter au monde de manière apaisée et à intérioriser cette paix; le vagal dorsal, qui nous fige et nous empêche de réagir, une autre technique de survie face au danger. C’est ce qu’il appelle la « régulation » ou l’auto-régulation, soit la capacité à moduler l’activation du système nerveux autonome pour revenir à un état de calme, qui lui même permet de se reconnecter à ses ressources internes et de prendre en compte les informations venant de l’extérieur. La co-régulation, elle, est l’action de permettre aux autres de moduler l’activation de leur système nerveux autonome grâce au calme de notre propre système nerveux.
Selon l’approche du Dr Bailey développée dans cet ouvrage, l’accompagnement par le cheval permet d’activer le fonctionnement du vagal ventral, par une forme de co-régulation. Les chevaux peuvent contribuer à un environnement qui facilite le sentiment de sécurité, de même que le lieu où s’exerce l’interaction, et le cadre mis en place par l’accompagnant. Le client peut alors intérioriser un sentiment sécurité grâce au lien qui se crée, cela permet au système nerveux autonome de « réapprendre » la sécurité dans le lien, d’aider le corps à retrouver un chemin qui avait été perdu, de réapprendre à fonctionner autrement, de manière régulée. Les chevaux contribuent par leur force, leur adaptabilité et leur bienveillance à ce sentiment de protection. Ils savent être vigilants et détendus à la fois.
En dehors des cas de traumatisme, le travail d’accompagnement avec les chevaux agit sur le même mode. Il nous apprend à nous réguler, à garder une approche constructive et ouverte face à une situation délicate, qui nous permet de rester présent à nous mêmes, pour adapter notre comportement et rester en relation à l’autre dans la prise de décision. Cela permet de rester connecté et confiant, et de garder pleinement accès à nos ressources à tout moment. Cela augmente notre résilience, notre créativité et participe aux maintien de relations harmonieuses avec notre entourage.